Léon et Sophie Tostoï

Le livre de Dominique Fernandez paru chez Grasset, nous fait parcourir librement le monde du géant de la littérature russe: opposition avec Dostoëvski, comparaisons avec Balzac quant à la manière de décrire , rapprochements avec  Stendhal quant à " l'idéal d'écriture".

L'auteur est bouleversé lorsqu'il visite la maison de l'écrivain russe, Isnaïa Poliana, située près de Toula et à 300 kms de Moscou), aujourd'hui musée, dirigé par l' arrière- arrière petit fils de Tolstoï

Tolstoï y est né et y revient définitivement au terme de ses années de jeunesse. L'écrivain russe en décrit les arbres , les meubles dans plusieurs des ses romans. Ce qui frappe l'auteur c'est la simplicité absolue qui y règne

Dans cet ouvrage, Fernandez donne une place importante à Sophie Tolstoï, et cette année il n'est pas le seul. En effet, on peut constater que depuis quelques temps Sophie interesse particulièrement les éditeurs français ( lire article de La Croix du 4 Novembre 2010: Sophie Tolstoï sort de l'ombre de Léon).

 Son autobiographie , monumental ouvrage tiré de son journal vient d'être publié dans son intégralité, pour la première fois en français. Le titre: Ma Vie, aux éditions des Syrtes. A travers elle, on entre dans  dans l'intimité de l' auteur de GuerrePaix grâce à de nombreux détails qu'elle rapporte sur le quotidien d'une femme dans la Russie aristocratique de l'époque. Fille d'un médecin du tsar, élévée à la ville, elle a 18 ans quand Tolstoï la demande en mariage, il en a 32.

 Elle devient la maitresse de maison d' Isnaïa poliana, et rapidement mère . le couple aura 13 enfants, dont seulement 9 survivront. Pendant les vingt premières années de leur mariage, elle ne cessera d'être préoccupée par ses enfants, leur éducation, leur santé.

Dans la gestion du domaine, elle est aussi, l'esprit pratique.

En celà, elle a pû contrarier Tolstoï tout à sa "naïveté idéaliste".

 Ce qu'il faut retenir, c'est qu'elle a puissament aidé l'écrivain.Elle admirait en lui l'écrivain de roman à l'imagination proléfique: elle déchiffrait et recopiait inlassablement ses manuscrits.  Elle a assisté à la genèse de tous les grands romans de Tolstoï. 

 De son côté , elle écrit avec talent ;un seul roman sera publié. A  A qui la faute ? Deux maisons d'édition en France viennent de le publier: AlbinMichel et les Editions des Syrtes. C'est une réponse qu'elle fait en 1894, à la publication par Tolstoï de :La Sonate à Kreutzer , une tragédie conjugale où  un aristocrate russe poussé par la jalousie commet un meurtre contre sa femme.

Il s'agit de la part de Tolstoï d' un violent réquisitoire contre l'amour charnel. Ce roman fût objet de polémique à l'époque . Blessée et humiliée, Sophie y voit une attaque personnelle justifiée par leurs relations tumultueuses et décide dans un roman d'écrire unehistoire proche, racontée du point de vue de l'épouse .

Elle oppose à la bestialité masculine, les aspirations plus spirituelles de la femme, à travers le personnage d' Anna , épouse tourmentée, déçue par son mariage avec le prince Prozorski et troublée par sa rencontre avec Bekhmetiev." Elle le regarda , leurs yeux se croisèrent ; Dans leurs regards croisés , la tension et l' effroi face au risque d' un élan de passion coupable cédaient la place à la félicité d' un lien spirituel enfin reconnu qui ne pouvait causer de tort à personne; propre à illuminer leur vie de clarté, de sens, d'une joie infinie...".

En conclusion, et à propos de ces deux romans; Alain Guillemoles dans le journal La Croix nous dit" Certes, Léon Tolstoï fait preuve de plus de force pour décrire les abîmes de l'âme. Mais Sophie, à côté, sait conduire le débat littéraire avec Léon, ce qui n'est pas rien".