" L' Art est une visite du temps " Ariane Angeloglou

L'hommage de Colette à sa mère surnommée "Sido" et au paradis perdu de son enfance en Puisaye

L’année 2023 commémore les 150 ans de la naissance de Colette. Une occasion de relire les œuvres qui relatent son enfance et le rôle unique de sa mère dans la maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye. Ne manquez pas de visiter cette maison natale ouverte au public au cœur du village.

Ce n’est pas un musée, c’est une maison-livre tant elle restitue littéralement le quotidien de la famille : bibliothèque, chambres, salon, jardin potager tels que décrits dans La maison de Claudine et Sido . 

Sa mère est pour Colette le pivot de tout cet univers : Mon imagination, mon orgueil enfantin situaient notre maison au centre d’une rose de jardins, de vents, de rayons, dont aucun secteur n’échappait tout à fait à l’influence de ma mère… La fantaisie de ma mère ne pliait que devant les dates qu’on fête, en province, par les nettoyages à fond, la lessive, l’embaumement des lainages et des fourrures. Mais elle ne se plaisait ni au fond des placards ni dans la funèbre poudre de camphre, qu’elle remplaçait par quelques cigares coupés en berlingots (…) et de grosses araignées qu’elle enfermait dans l’armoire giboyeuse, refuge des mites d’argent . 

Elle atteignait loyale la fin de sa tâche. Alors, elle franchissait les deux marches de notre seuil, entrait dans le jardin. Toute présence végétale agissait sur elle comme un antidote et elle avait une manière étrange de relever les roses par le menton pour les regarder en plein visage.

Ô géraniums, ô digitales… Celle-ci fusant des bois-taillis, ceux-là en rampe allumée au long de la terrasse, c’est de votre reflet que ma joue d’enfant reçut un don vermeil. Car « Sido » aimait au jardin le rouge, le rose, les sanguines filles du rosier, de la croix-de-Malte, des hortensias et des bâtons-de -Saint-Jacques, et même le coqueret- alkékenge, encore qu’elle accusât sa fleur veinée de rouge sur pulpe rose, de lui rappeler un mou de veau frais…

Tout le chaud jardin se nourrissait d’une lumière jaune, à tremblements rouges et violets, mais je ne pourrai dire si ce rouge, ce violet dépendaient, dépendent encore d’un sentimental bonheur ou d’un éblouissement optique. 

Extraits tirés de l'ouvrage Sido de Colette paru en 1930. 

 

La maison de Colette, 10 rue Colette, 89520 Saint-Sauveur-en Puisaye.  http://www.maisondecolette.fr/

Crédit photos 1 à 4 : Caroline Roussel

Photo 5 : Facebook de La maison de Colette 

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