" L' Art est une visite du temps " Ariane Angeloglou

EDOUARD BRUN, un peintre- alpiniste à redécouvrir au cours de mes visites ou conférences .

Edouard Brun (Grenoble1860-Saint-Vincent-de -Mercuze 1935) étudie au petit séminaire du Rondeau en Isère où il est l’ élève de l’ Abbé Guétal ( 1841-1892) qui l' initie à la peinture de montagne. Il travaille également la précision de son regard en dessinant sur le motif avec Jean Achard ( 1807-1884) dans les dernières années de la vie du maitre. François-Auguste  Ravier sera aussi une importante source d' inspiration pour la quête des effets atmosphériques fugitifs. En 1883, Place Saint -André, à Grenoble ,  il ouvre un  magasin d’ encadrement et d’ articles de beaux-Arts  et participe aux Salons de la Société des Amis des Arts de Grenoble.

En 1895, il décide se consacrer totalement à la peinture et donne des cours chez lui, au 33 rue Thiers. Comme Charles Bertier ( 1860-1924), son compagnon d' ascension, comme lui peintre alpiniste , il est membre fondateur de la Société des peintres de montagne, placée sous le patronage du Club Alpin français . Ils sont également membre de la société des touristes du Dauphiné. Le tourisme et l’alpinisme se répandent , et ils développent  la peinture de haute montagne. Grimpeur expérimenté, Brun parcourt les Alpes suisses et françaises à la recherche de panoramas grandioses, trouvant dans le Massif du Mont Blanc et celui de l’Oisans ses sujets de prédilection. Il utilise la photographie pour fixer le souvenir de ses courses , fait des pochades sur le motif et note ses impressions . Tout cela lui sert ensuite à l' exécution de ses peintures de grand format. Il se ressource l' été à Saint-Vincent de Mercuze  qui est le sujet de beaucoup de ses aquarelles. Son talent s’épanouie particulièrement dans l’ art de l' aquarelle, et pour l’ exposition universelle de Paris en 1900, il reçoit la commande officielle d’ une série de grandes aquarelle consacrées aux ouvrages d’ art construits en montagne.

Il est sollicité pour illustrer des revues ( Les Alpes pittoresques notamment )et des ouvrages consacrés à la montagne . Il est aussi l' auteur de grands décors muraux ( Hôtel Moderne, chambre de Commerce). Parmi les commandes privées ,  Il réalise vers 1911, pour le bowling privé de la villa de son voisin et ami Alphonse Douillet,  200 m2 de peintures murales de paysages de montagne présentant notamment, le balcon sud de Chartreuse vu de la plaine de Grenoble , la Meije, le torrent du Vénéon et le hameau des Etages ( détail ci-dessous).

 

Une huile sur carton intitulée Deux alpinistes arrivant aux Grands Mulets,  propriété du Fonds Glénat est présentée au  Couvent Sainte-Cécile lors des visites du couvent . Une vision sans doute réaliste d’un chaos de roche, de glace, et de neige gelée, partiellement illuminé par les premières lueurs roses du petit matin.

Lors de l' exposition de 2019,  Derrière la montagne- la face cachée du tableau, cette œuvre faisait écho chez un artiste majeur d’ aujourd'hui, Nicolas Debon: " En quatre dessins à la gouache et aux crayons de couleurs il raconte l’histoire du refuge des Grands Mulets et, ce faisant, l’histoire de l’évolution du paysage de haute montagne. Du désert minéral qu’elle était encore du temps d’Edouard Brun, la montagne est en train de devenir, nous susurre Nicolas Debon, un hypermarché touristique menacé d’hypertrophie " .

Sources :

Jean Louis Roux, catalogue de l’ exposition Derrière la montagne… éditions Glénat. 2019. www.glenat.com

A propos de la villa Douillet, voir Dominique Chancel, Une villa de la belle époque. A Grenoble, à l’ombre de la Clinique des Bains, éditeur Patrimoine et Développement du Grand Grenoble, 2012 .

Catalogue de l' exposition du musée de Grenoble : Grenoble et ses artistes au XIXe siècle , page146. 

 

 

 

 

 

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